Le paysage urbain c’est mon quotidien.
Tous les jours je le vois défiler sans même le regarder.
Je le traverse d’un point à un autre.
Je sais exactement combien de temps il faut pour chaque trajet.
Toujours prise par des trucs à faire, je trace ma route.
Je suis le tourbillon de la ville qui tourne en boucle.
Je me suis habituée à suivre le rythme, sans trop perdre de temps.
Je me suis habituée à suivre le courant, sans faire attention au manque de sens.

Et puis un jour
Je n’avais plus de temps
J’ai perdu le temps
Je me suis perdue

Et c’est là que je me suis arrêtée.
Je me suis posée, et j’ai regardé.
Les étoiles sur les vitres des buildings embrasées par le soleil.
La silhouette des grillages et des tours à contre-jour.
La lumière plus discrète des lampadaires, silencieux et immobiles au bord de la route.
La profondeur légère du ciel, la nonchalance lente des nuages, l’oisiveté des oiseaux…

Et ces corps posés
libérés du temps
occupés à rien faire
le regard flottant
perdu dans le paysage
au-delà de l’horizon caché