« You’re born naked, the rest is drag » RuPaul
Je suis née nue. Dans une petite ville du sud de l’Italie.
On m’a éduquée comme une fille, habillée comme une fille. Ce qui ne m’a pas évité d’être souvent perçue comme un garçon manqué.
Plus tard j’ai continué à me déguiser en fille, en osant parfois porter un pantalon un peu trop large, ou des chaussures masculines, ou carrément une veste « de mec », pour voir ce que ça fait, chez moi, chez les autres.
Adulte, ça n’a pas été évident de m’identifier en tant que femme et à tout ce qui va avec selon la pensée dominante. C’est en découvrant le mouvement queer et les communautés lgbtqi+, que j’ai enfin pu assumer et revendiquer mon identité hors case.
Aujourd’hui je vis à Bruxelles. Je me sens plutôt à l’aise avec mon identité de genre, en tout cas dans mon entourage proche. Mais parfois, en société, je sens encore quelque chose qui grince parfois, des attentes déçues, des normes bousculées, des codes non respectés.
Tout cela me questionne.
Ca me donne parfois envie de me balader à poil dans la rue, ou alors d’expérimenter d’autres identités. Des identités clairement reconnues comme « féminines » ou « masculines », pour voir ce que ça fait d’incarner certains stéréotypes de genre qui hantent, malgré moi, mon imaginaire.
C’est ce que j’ai exploré avec cette série d’autoportraits. Pour ressentir dans ma peau ce que ça fait de porter une mini jupe et des bas résille roses en mode pin-up, ou alors une large robe noire et un hijab comme beaucoup de femmes du quartier où j’habitais, ou de m’habiller comme un « vrai mec », les épaules droites et les jambes écartées.
Donner corps aux fantasmes pour s’en libérer, faire une expérience artistique et physique en même temps, jouer avec les codes pour semer le trouble, pour voir ce que ça fait, chez moi, et dans le regard des autres en même temps.